Les collections royales (3)

Les collections royales d’Amérique du Nord, collectées entre 1650 et 1850 et progressivement intégrées aux collections nationales françaises, sont aujourd’hui conservées au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Elles constituent un ensemble de près de 250 pièces provenant des territoires actuels du Canada et des États-Unis.

Exposition Indiens des Plaines 2014 Paris CROYAN
Vue de l’exposition « Indiens des Plaines » : sélection de pièces issues des collections royales françaises, musée du quai Branly - Jacques Chirac, 2014. Commissaire d'exposition : Gaylord Torrence.
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Alessandra Chemollo

D’une richesse inestimable pour la connaissance des peuples des Plaines, des Grands Lacs et de l’Est Nord-américain, elles représentent le plus ancien témoignage matériel de la richesse et de la vivacité des cultures autochtones qui changèrent profondément au XIXe siècle, face à la colonisation occidentale. Certaines pièces (peaux peintes, coiffes, mocassins, sacs à tabac) sont des exemplaires uniques d’art amérindien de ces époques anciennes.

La culture matérielle des populations amérindiennes d’Amérique du Nord antérieure à 1850 est rarement documentée. Si les provenances géographiques d’origine sont parfois mentionnées par les collecteurs ou les collectionneurs, les affiliations tribales ou autres informations relatives à la production ou à l’usage des pièces ne sont qu’exceptionnellement indiquées.

Néanmoins, l’analyse croisée des sources primaires (écrites, visuelles et matérielles) sur ces objets anciens, jointe à la connaissance approfondie du contexte historique de la région considérée, permet dans bien des cas de recouvrer l’identité culturelle des objets, ainsi que leurs usages et fonctions au moment de leurs acquisitions. En sus, l’analyse systématique des matériaux et des techniques de fabrication est un moyen de préciser les données fournies par des disciplines aussi variées que l’histoire, l’histoire de l’art, l’ethnologie et l’anthropologie : elle permet de documenter les innovations matérielles et techniques, les interactions entre Amérindiens et Européens, les préférences stylistiques locales, etc.

Les études menées à ce jour, regroupant données contextuelles exhaustives et analyses matérielles systématiques, restent ponctuelles en raison, d'une part, de la dispersion des collections et des archives considérées et, d'autre part, de l’approche mono-disciplinaire conduite sur des corpus réduits.

Exposition Collections royales 2007 Paris CROYAN
Vue de l’exposition « Premières nations, Collections royales, les Indiens des plaines et des forêts d'Amérique du Nord », musée du quai Branly - Jacques Chirac, 2007. Commissaire d'exposition : Christian Feest.
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Nicolas Borel
 

Le projet de recherche CROYAN

Le projet de recherche CROYAN (collections royales d’Amérique du Nord) s’inscrit dans la continuité des initiatives menées à ce jour, en visant une approche de l’objet mais aussi de la collection dans son ensemble, en tant que produit historique résultant d’un contexte politique et social spécifique lié à la Nouvelle-France. Une approche interdisciplinaire et la plus englobante possible donc, afin de rendre toute sa valeur historique, culturelle et patrimoniale au corpus considéré. Cette recherche est développée en concertation avec les nations autochtones, dont l’histoire orale et les connaissances contribuent aux questions d’attributions et d’usages, et à la mise en perspective des objets de la collection avec les pratiques et valeurs culturelles contemporaines. À travers cette collaboration, il s’agit d’engager un dialogue sur le rôle des collections et leur valorisation future, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du cadre muséal, en Europe comme en Amérique du Nord : promouvoir la rencontre, il y a plus de quatre siècles, de deux continents ayant permis la constitution de ces collections.

Projet CROYAN Paris Nikolaus Stolle
Observation des broderies en piquants de porc-épic du sac 71.1878.32.142 sous microscope numérique HIROX.
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Julien Brachhammer
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